vendredi 6 septembre 2013

Christian me surnomme "p'tit frère". Il me dit que je lui fait penser à lui au même âge - un être épris d'idéal parti à l'assaut de lui-même mais aussi prêt à tout pour changer la face du monde. Avec nos bâtons de pélerin, il nous compare à Blum et Jaurès, "deux petites étoiles sur le chemin de la liberté" souffle-t-il les larmes aux yeux. Nous arrivons à Roncevaux sur ces entrefaites. Pendant que Fifi décharge, nous nous installons en terrasse pour nous désaltérer et écrire nos cartes postales. Bientôt, les gens se massent autour de nous. Un grand gaillard dénommé Roland se fraie une brèche jusqu'à moi pour m'expliquer le motif de ces débordements. Ici, le cerceau est une religion et mon visage est familier. Mes stats lors des championnats d'Europe interbancaires y sont sans doute pour quelque chose. Pour une raison inconnue, Christian, jadis si tendre dans l'habitacle de la Laguna, devient ombrageux. Il se lève sans un regard et disparaît bientôt dans les ruelles de la vieille ville. Plus tard, de retour à l'hôtel, c'est l'heure du face à face. Christian me reproche d'avoir pris le cigare, de ne pas penser collectif. Et de n'avoir jamais, dans le cadre de mes prérogatives à la BPI, accordé à ses entreprises, qui participent du rayonnement de la France à l'étranger, le soutien qu'elles méritent. Et là, il me traite carrément de "petite salope de gauche." Nous manquons d'en venir aux mains. Je suis anéanti. Je ne sais pas du tout comment ce voyage va se terminer.

mardi 3 septembre 2013

Nous dégringolons sur Fatima à une vitesse de zinzin. Nous sommes déjà au Puy en Velay. Il fait doux ce soir. Je lève la tête vers le ciel. La Grande Ourse est à sa place. La communion avec la nature a raffermi nos corps et donné du lest à nos esprits. Nous sortons du Marriott tandis que la ville s'anime et nous nous mettons en quête d'un bar à tapas. Christian a revêtu une toge et des spartiates crèmes. On dirait Romulus. J'ai quant à moi choisi le mode passepartout : étole Chacok et tunique Ralph Lauren + camarguaises Marlboro Classics. Sur ma hanche repose la banane en croûte de cuir de Claude Levi Strauss - celle dont il parle dans Twist tropiques et que mes copains m'ont offerte pour mon anniversaire. Pure relique. Consécutivement à mon alerte SMS, Fifi, le chauffeur de la banque, nous a finalement rejoints hier avec la Laguna Nevada. Il nous accompagnera jusqu'au bout du voyage. Ce sera plus prudent, nous n'avons plus vingt ans. Nous rejoignons Saint Privat-d'Allier en automobile.

vendredi 30 août 2013

(...) Pilgrims down the road. Stage 3. Nous parvenons à Tours précédés d'une nuée de sauterelles. Nous y restons quelques nuitées, le temps que Christian soigne ses escarres. Nous survivons de rapines : gibier, poivrons, chappys, gourmettes... Rayon détente, c'est pas banal : pas de boutique vintage, aucun skate park, zéro game center. Honnêtement, le coin n'a aucun intérêt. Pour tromper l'ennui, nous provoquons des échauffourées avec des gars du patelin, une bande de poivrots qui errent comme nous dans les rues faute de mieux. Au bar de l'hôtel, nous sympathisons avec deux frangins en goguette, Félicien et Didier Paoli. Les gusses fourmillent de projets. Leurs paris pour la rentrée : le grand retour de la sucrette, des peluches en amiante et de la téléphonie murale. En revanche, ils jettent une pierre dans le jardin des opérateurs qui ont tout misé sur la convergence des contenus et la fibre optique : "On ne peut plus se servir du consumer comme d'un sex toy". 100% d'accord. Nous nous échangeons nos cartes.

jeudi 29 août 2013

(...) Road to Fatima. Stage 2. Vézelay. Nous dormons chez l'habitant. Notre hôte, Vivien Savage, un agriculteur affable, robuste et plutôt sexy, nous prépare un porcelet popotte dont je me farcis la citerne. Christian ne donne pas sa part au chat. Mais mon compagnon de route se plaint de ses oignons ravivés par le frottement du cuir contre ses orteils. Nous montons nous étendre à l'étage. Alité, Christian gémit. Je lui prends la température : 38,2°c ! La fièvre lui fait perdre la tête. Il dirige des armées imaginaires, harangue des fantassins, pourchasse des fuyards. Je m'aperçois que je tiens à cet ami comme à la prunelle de mes yeux. C'est un sacré bonhomme qui se tient là devant moi. Je le veille, frotte ses pieds avec une gousse d'ail comme nous le faisions au régiment. Il s'assoupit. Plus tard, accoudé au belvédère de notre suite parentale, je relis Saint-Thomas-d'Aquin pendant que Christian, rasséréné, fait un Sudoku en grignotant un Balisto. Je pense à toutes ces kyrielles d'étoiles créées il y a tant d'années par Jésus. Quel boulot de guedin !

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mardi 27 août 2013

 Et voilà. Plus de 1500 km parcourus sur le chemin du sanctuaire de Fatima (Portugal) aux côtés de mon pote Christian Audigier. Plus d'un mois et demi de marche. Une histoire d'amitié et de foi. Durant cette itinérance, comme Lamartine sur les chemins de Jérusalem, j'ai pris des notes, des instantanés d'humanité, noircissant le soir les fines feuilles de mon carnet de moleskine à la frèle lueur d'une bougie. J'ai renoncé à les relire ou à les reprendre, préférant les livrer ainsi, dans leur imperfection mais aussi dans leur authenticité. Sollicité par les mass média traditionnels, j'ai préféré accorder la primeur de mon récit à ce Pure Player indépendant. Je vous feuilletonne le truc. Un épisode/jour. Road to Fatima. Pilgrims down the road. Du pur cinoche, je suis prêt à en discuter avec les prods en MP.

Lundi 29 juillet.

Craintifs lors de ces premiers jours de pélerinage, nous nous replions vers les massifs forestiers du Loiret où nous nous nourrissons de glands et d'artichauts sauvages tandis que le soleil peine à darder ses rayons à travers l'épaisse canopée des Carnutes. Là, tandis que Christian lit le Marie-Antoinette de Jean Tulard, je fais de l'accrobranches pendant que mon linge sèche sur l'écorce d'un épicéa. Dans la touffeur de la nuit, Christian parle pendant son sommeil. J'entends le mot "fournisseur". Plus tard, il est aussi question d'un deal avec Mariah Carey. J'écoute pour ma part un vieux Front 242 au casque histoire de faire taire les bruits perçants de la selva. Je sens le souffle de l'aventure. Demain, nous reprenons la route. Je me languis de voir le sud.

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jeudi 25 juillet 2013

Hier soir, j'ai dit à Périnée que j'avais besoin de prendre un peu de champ. Ca ne remet pas en cause notre relation mais j'ai besoin de prendre l'air. Je pars en Terre de France courir les sentiers et les bocages avec Christian Audigier. Tous les deux, comme deux chats de gouttière, sans boussole ni trompette. Christian, pour moi, c'est comme un frère jumeau : même coeur tendre, même chargé de clientèle au CIC et, tiens, même pantacourt les vendredis et jours fériés - tu m'étonnes que lui et moi on se comprend sans mot dire. On va dormir à la belle étoile, prendre des chemins de traverse et, au détour des clairières et des bastides, il y aura toujours un homme de bonne volonté pour nous offrir qui une noix, qui une part de quiche. "L'important, c'est le chemin", comme me dit souvent Christian, qui est à un état de conscience plus avancé que le mien puisque, de ce qu'il m'a expliqué, il est récemment devenu gnostique. Selon le test probatoire qu'il m'a fait passer hier, je devrais quant à moi le devenir d'ici la fin de ce voyage initiatique. A l'heure qu'il est, nous stationnons au péage de Saint-Arnoult, il y a un peuple pas possible. Moutons labourant éternellement le même sillon...
Nous, dans un premier temps, on ne va pas trop s'écarter du tracé de l'A71, on pourra de la manière bivouaquer dans les stations services et les aires de repos conventionnées. La route va être longue, il faut veiller à bien s'hydrater la journée et puis, le soir, se reconstituer au maximum, c'est la base. Prenez soin de vous.

Envoyé de mon iphone

jeudi 18 juillet 2013


Pour mon anniversaire, Périnée m'a fait une petite party surprise en invitant à la maison quelques amis peace : Christian Audigier, Martin Solveig, Thomas Fabius, Sianko, Moundir, Leonardo, Doc & Difool + Jaïro, mon Community Manager... La crème des mecs. Tu sais, pour moi, l'amitié c'est important, j'allais dire quel que soit le statut social : les gars qu'a invités Périnée sont tous des lascars de première catégorie avec un joli regard posé sur le monde, et quand je dis ça, crois-moi, très honnêtement, tu peux me faire confiance. Un indice : on était tous fringués pareil : un bermuda, un costela et une paire de Vuitton rivées sur le museau... Bizarro ! On a fait une pignata, on a mangé des churros, des tartas heladas, de la charcuterie corse, des cornes de gazelle, et Martin a ambiancé sur une théma batucada qui m'a carrément mis le feu au slip. Sur les coups de 3 du mat', Périnée est partie en toupie, elle m'a traité de Berbère narcissique. Je crois qu'elle a un gros souci dans sa tête en ce moment mais bon, zyva, à part ça, on s'est régalés tout plein.




vendredi 21 juin 2013

Gamin, je rêvais d'aéropostale. Et puis mon destin a suivi d'autres chemins. Pourtant quand tu regardes de près, j'ai jamais complètement lâché le truc. J'ai restructuré la dette d'EADS, plutôt bien géré la saignée de Delta Airlines et je pose assez souvent mon cul dans la carlingue de mon Falcon pour mes déplacements en Grèce... Bref, je kiffe tout ce qui vole. Lorsqu'en réunion d'investissement, les nerds de la BPI m'ont parlé d'un produit Drone, j'ai eu l'oeil qui frisait. Et quand les kids sont venus me présenter leur matos, je suis tombé de ma chaise - le Drone Raklet'. Pour t'expliquer, ton drone stationne au-dessus de la table. En contrebas, ton appareil à fromage avec ta raclette incarcérée dedans. Là-haut, l'oiseau de métal envoie sur l'écran de ton smartphone l'image de ton poêlon : plus besoin d'aller le sortir toutes les deux minutes. Le drone est équipé d'une sonde de détection de chaleur par infrarouge avec décharges SMS envoyées au propriétaires au moment T de la cuisson. Fini le fromage crâmé. Du coup, on a mis 100 bâtons direct avec une option sur le Drone Fondue qui est encore en R&D. Et ouais, tout ça, mine de rien, c'est fait par des céfrans, pas par des affreux jojos de je sais pas où !

vendredi 7 juin 2013

Pas envie de bosser en ce moment. Hier, je suis allé glandouiller toute la journée à Roland-Garros avec Moundir. Stan Smith, bermuda, col Mao... Groovy. Périnée nous a rejoints en début d'après-midi. Elle était avec Milf, sa nièce. 38 balais mais elle en fait à peine 22. Tu vois Nathalie Delon ? Milf, c'est la même avec des leggins, un piercing dans le nombril et un grain de peau à te faire triquer un troupeau de cerfs. Pile ma came. Tu me diras, en ce moment, j'ai envie de toutes les attraper ! A Roland, faut te méfier, elles te dégringolent dessus comme un troupeau de mammouths dès lors que t'as un minimum de notoriété. Beaucoup sont des lectrices de ce blog d'ailleurs et je leur passe bien volontiers un petit clin d'oeil. Au moment où Sharapova entrait sur le court, on a été ambiancer au Carré Paribas où on a croisé un tas de personnalités en RTT et bras de chemise : Jo-Wilfried Tsonga qui se désaltérait d'une paire d'anisettes, Nathalie Iannetta qui papotait avec Henri Leconte, Titi Valbuena, Edgard Grospiron... A un moment, je regardais tous ces gens et un sentiment de béatitude m'a envahi, j'ai eu la chair de poule puis j'ai vu une grande lumière blanche. Pure bliss. Quand je me suis réveillé, il y avait des ambulanciers partout, ils m'avaient mis un masque à oxygène et tout. C'est Moundir qui m'a expliqué que j'avais eu une épiphanie. Il est pas médecin que je sache...

mardi 28 mai 2013

Les Daft Punk n'en restent pas moins des hommes
    J'ai toujours fait l'amour en musique. C'est une question de feeling. George Benson, Simply Red, Frank Zappa plus jeune. Puis Neubauten, Laibach, Autechre quand mes relations avec les femmes sont devenues plus industrielles. Au fil de mes marottes musicales, mes partenaires sont ainsi passées par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel et, de mémoire, aucune n'a eu l'idée saugrenue de venir s'en plaindre. Récemment, Get Lucky a été un adjuvant sexuel plus que correct. Périnée en a été le témoin privilégié, ce titre m'a rendu hyper créatif, border cinglé. Pourtant, R.A.M. nous a laissé un arrière-goût d'inachevé. Si la majorité des titres sont adaptés à un missionnaire classique, ils se révèlent en revanche trop rapidement décalés sur une levrette. Est-ce juste une question de BPM ? Une étude plus poussée de l'album ne permet malheureusement pas de retenir cette option : Giorgio by Moroder fait zéro pointé sur la feuille de rose (il faut le faire quand même), Instant Crush est un piètre compagnon de brouette bulgare, Doin' it right n'est définitivement pas assez farté pour un Super-G... Quant à Touch, c'est le pompon puisqu'il se trompe carrément de trou !

lundi 27 mai 2013




Le Cerceau vivait jusqu'à présent loin du fracas du monde. Mais quelque chose s'est cassé. Les championnats d'Europe inter-banques qui réunissaient à Milan les cercistes des plus belles écuries continentales (Caixa-CCF-CIC, Bundesbank, Banque postale, Fortis, Monte Dei Paschi, etc.) ont été le théâtre de dérives inédites. 

Plongeons, poussettes, coups de giclettes et lancer-francs en dehors de la surface de vérité... Les pays méditerranéens n'ont à aucun moment respecté l'esprit du Cercle. Et  les entités allemandes et françaises n'ont, pour leur part, jamais été récompensées de leur probité. 

Les Bleus ont pourtant caressé leur rêve jusqu’au bout, parvenant en finale contre les tenants du titre azzurris. Là, dans la ferveur du gymnase de Bergame, les Bleus firent pour ainsi dire le spectacle et la loi, contenant le petit Monti, pourtant intenable, et faisant déjouer la machine infernale de leurs frères de lait latins grâce à un Charles Beigbeder en état de grâce. Mais il était écrit que les Italiens devaient l’emporter face à leur public, à la faveur d'une succession de grotesques décisions arbitrales. 

C'est la fin d'un fol espoir pour les protégés de Claude Bébéar qui espéraient ramener la coupe Barbet de Jouy en France dix ans après le succès de la génération Crédit Lyonnais sur le tapis de sol du Luxembourg. 

Avec 123 frontflips, 43 backslides et 24 galipettes dans le Cerceau cumulés, Charles Beigbeder n'a pas volé son titre de meilleur joueur de la compétition, mais pour le grand Charles, cette distinction a un goût amer : "La planète Cerceau, qui vivait encore à l'âge de l'innocence et des principes de Démosthène, n'est manifestement plus à l'abri des dérives de ce drôle de monde. Pour nous, le Cerceau est une religion, mais aujourd'hui, il faut bien reconnaître que c'est la fin d'une utopie. La philosophie cerciste a été sacrifiée sur l'autel d'une société en pleine déroute morale. Je suis anéanti."